Ilana RAMCHAR Economie multiple / Monnaie / Historique copyright de l'auteur

Petit historique de la monnaie


Les peuples chasseurs - cueilleurs nomades n'ont semble t-il pas connu la monnaie. Il y eut le troc au début de l'agriculture. Ce n'était pas organisé et tout se déroulait sur place. Les Phéniciens, dès le VIIIème siècle avant notre ère débarquaient leurs marchandises le long de la grève et repartaient avec de l'or ou des productions locales

De nombreuses matières ont servi de monnaie primitive - argent - or - cuivre - coquillages de porcelaine - bétail - grain - fers de hache - etc. Longtemps ce type de monnaie n'avait pas valeur d'échange mais servaient pour les cadeaux aux rois, les dots des filles, les amendes et les sanctions. La monnaie primitive sert avant tout à assurer un trafic sur les personnes et non sur les choses. Cette monnaie est avant tout utilisée dans un role  hierarchique du social.

Il y avait des échanges entre sociétés bien avant la monnaie et beaucoup d'échanges ont continué sans utiliser la monnaie. La monnaie n'a donc pas, semble t-il, été inventée pour les échanges.
Il y eut longtemps des monnaies frappées sans le nom du propriétaire.

VI siècle av JC  -  Alyattes (610 - 560), père de Crésus (l'homme qui était riche comme lui même), dans son royaume de Lydie, à l'ouest de la turquie, face à Athènes, frappa les premières pièces signées par leur propriétaire. Ce sont des pièces d'electrum (alliage 70% or et argent) que l'on récoltait dans le fleuve pactole où le roi midas (qui transformait en or tout ce qu'il touchait) avait jeté sa couronne pour se débarrasser de son pouvoir. Crésus frappait des pièces d'électrum à 50% d'or et encaissait la différence entre le coût d'extraction et de fabrication et la valeur faciale (pouvoir d'achat) indiquée sur la pièce. Crésus fut battu par Cyrus, l'empereur de Perse ... comme quoi la richesse.

Dès le III siècle av JC les grecs - perses - palestine - Égypte - gaulois battaient eux aussi monnaies (argent - cuivre - étain - or - alliages divers). Ces pièces circulaient à l'intérieur d'un territoire limité et avaient un pouvoir d'achat très élevé ce qui exclue leur utilisation pour le quotidien. Le solidus, pièce en or pur, fut la monnaie de Constantin dès le III siècle. Elle fut utilisée dans le monde entier pendant un millénaire.

Les multiples marchands qui assuraient les transports de marchandises convertissaient et échangeaient les monnaies selon l'estimation qu'ils faisaient de son contenu en métal précieux. Certains se spécialisent dans l'achat et la vente de monnaies. Ils s'installent jusque dans les temples

Dans les sociétés de plus en plus complexes d'avant l'an zéro la monnaie offre un autre avantage, elle facilite l'enregistrement comptable des opérations du pouvoir central - soldes des soldats - salaires - impôts - achats matériaux - taxes - etc. Le roi garantissait le poids et la valeur de la monnaie portant son sceau... tant qu'il vivait.
La monnaie a permis à celui qui frappait le signe monétaire de se donner du pouvoir d'achat facilement puisque la monnaie ne coûtait presque rien à fabriquer.

Vers le Veme siècle avec la chute de l'empire romain les banques et la monnaie perdent beaucoup de leur influence et disparaissent même totalement en angleterre pendant 200 ans.

Le billet apparait en chine vers le IX siècle jusqu'au XV siècle. La valeur de la monnaie est alors complétement déconnectée de la valeur de son support.

La société en se complexifiant, en allongeant les circuits économiques accroissait les besoins en monnaies. Tous les pouvoirs vont alors utiliser  l'émission monétaire comme moyen de richesses assez indolores.

Les templiers au XIV siècle créent la lettre de change et la compensation entre succursales et princes, empereurs ou rois emprunteurs




Pratiques jusqu'alors tolérées par le peuple, les mutations monétaires (dévaluations) deviennent abusives à partir de 1295 sous le règne de Philippe le Bel. Dans la conscience populaire s'enracine l'image du roi "faux-monnayeur". Le roi devient, selon l'expression de Dante, falsificatore di moneta. Les mutations représentent plus des deux tiers des revenus du royaume en 1349. Pendant les vingt-trois premières années de la guerre de Cent Ans, 85 mutations sont effectuées, soit une tous les trois mois en moyenne ! L'apogée est atteint en 1360 avec une tous les vingt jours ! Ces nombreuses altérations de la monnaie ne sont pas étrangères aux jacqueries et révoltes qui émaillent le XIVe siècle. Cette période s'achève avec l'instauration d'un impôt permanent : la taille, le 2 novembre 1439. Les mutations deviendront dès lors exceptionnelles. L'impôt tend à s'institutionnaliser dans un environnement où l'armée devient permanente.


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