Ilana RAMCHAR Economie multiple / Les lieux de production
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Les lieux de productions

Le calcul est vite fait. Un produit fabriqué en Chine coûte 6 fois moins cher en moyenne que le même fabriqué en France.

Même avec le prix du transport, l'économie est telle que les entreprises ont presque toutes délocalisé leurs usines en Asie.

Aujourd'hui, elles ne fabriquent plus leurs articles elles-mêmes, mais se contentent de les commander à des sous-traitants : c'est ce que l'on appelle le "sourcing". Reste juste à apposer sa marque pour faire la différence avec son concurrent.

En Asie, les salaires sont si faibles qu'ils n'apparaissent presque plus dans les comptes des entreprises.

Dans le textile, les ouvriers des pays traditionnellement producteurs, comme le Mexique, l'Egypte, ou la Thaïlande, sont devenus trop chers face à leurs concurrents asiatiques.

Même la côte Est de la Chine est délaissée par les entreprises, qui s'enfoncent toujours plus loin à l'intérieur des terres pour trouver le prix le plus bas possible.

Savez-vous que votre poélée de légumes peut provenir de 5 continents différents ?
Tout l'art des acheteurs professionnels des grandes firmes consiste à trouver pour chaque ingrédient le meilleur prix, puis de les assembler pour créer de la "valeur ajoutée".

Les importateurs des grands groupes ont ainsi convaincu les chinois de planter des haricots verts, légume inconnu en Chine il y a encore quelques années, car la cueillette à la main coûte trop cher en France. Et c'est la même chose pour les champignons... de Paris !

Le B'twin de Décathlon est le vélo le plus vendu en Europe, dont le premier prix est de 199 euros.

Ses pièces viennent de 30 pays différents. Les cadres viennent de Chine et de Taïwan, les pneus de Thaïlande, les jantes de Belgique et d'Espagne, les pédales et la selle d'Italie, les dérailleurs d'Irlande, les freins au Portugal...

Toutes ces pièces sont encore assemblées en France, mais seulement à cause des droits de douane de 30% appliqués par l'Europe.

La lunette "Tchin-tchin" d'Afflelou porte bien son nom, puisque qu'elle vient...de Chine.

Avec des lunettes gratuites, une deuxième ou une troisième paire à 1 euro, impossible de les fabriquer en France. Que ce soit pour les montures ou les verres, toutes les usines de lunetterie ont quitté le pays depuis une dizaine d'années.

Les grandes marques comme les grandes chaînes d'optique ont installé leur production en Asie. Et plus la monture est sophistiquée, plus il y a de main d'oeuvre, et plus il est donc rentable de délocaliser la fabrication.

Le parfum Burberry est produit par Interparfums, un groupe qui fournit aussi Christian Lacroix ou Lanvin.

Ces flacons ont effectué un long aller-retour de 20 000 km pour atterrir dans nos boutiques : fabriqués en France, les flacons sont envoyés en Chine pour être décorés par des ouvriers qui dessinent le motif à carreaux, puis reviennent en France pour être emballés.

Une économie de moitié sur les salaires. Mais dans 5 ans, même les flacons seront fabriqués en Chine.

Entre 2002 et 2004, le solde du commerce extérieur français (exportations-importations) est passé de +5,2% à -8%.
C'est bien sûr les prix bas qui attirent les acheteurs professionnels vers l'Asie ou l'Europe de l'Est, mais 69% d'entre eux cherchent aussi des spécialités ou des technologies qui n'existent pas en France.

La Chine et l'Inde ne se contentent plus de produits à faible valeur ajoutée, ils se lancent maintenant dans les hautes technologies et les services.

Si beaucoup de Français se plaignent des prix qui montent, ce n'est en tous cas pas le cas dans l'électronique et l'électroménager.

Un lecteur DVD, qui coutait plus de 600 euros 2001, se trouve aujourd'hui à moins de 39 euros ! Les lecteurs MP3, les téléviseurs, mais aussi les micro-ondes, les aspirateurs ou les cafetières ont vu leur prix chuter de parfois 15% en un an.

Même les fabricants coréens comme Samsung ont du mal à rester rentables dans cette guerre de prix.
t-shirt
Le textile est le secteur le plus touché par les délocalisations : d'ailleurs les prix baissent de 3 à 4 % depuis plusieurs années.

Avec la fin des quotats sur le textile chinois, les importations ont fait un bond de 50% en Europe. Impossible de rivaliser avec les immenses usines chinoises.

Mais pour offrir un T-Shirt à 3 euros, il faut même rogner sur la qualité : le tissu est plus fin, les découpes simplifiées. Et les chaussettes de tennis sont fabriquées à partir de slips de coton recyclés !

Qu'est-ce qui ressemble plus à un paquet de céréales qu'un autre paquet de céréales ? Pour s'offrir des vacances ou des loisirs, les consommateurs n'hésitent plus à économiser sur l'alimentation ou les vêtements.

Les marques "premier prix" et les hard-discounters, en moyenne 30% moins cher, ont augmenté leurs ventes de 10% en 2004.

Même les grandes marques se sont résignées à produire leurs propres sous-marques pour ne pas perdre de parts de marché.

"Pour quelques centimes de moins sur une assiette, les acheteurs n'hésitent pas à faire un saut de 3000 kilomètres". C'est ce que révèlent à Laurence Benhamou (voir son livre) un acheteur pour une grande enseigne.

Ces professionnels parcourent le monde à la recherche du meilleur prix. Ils savent calculer instantanément le nombre de vélos qui tiendront dans un containeur, le coût supplémentaire d'une notice à glisser dans un carton, peuvent jauger la provenance de chaque élément d'une table ou évaluer le prix de revient de vos chaussettes.

Proposition :



Mise en oeuvre :


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